La maladie et ses conséquences
Qu'est-ce que le diabète ?
Le diabète se rencontre à tous les âges de la vie, même chez
les enfants, et sa fréquence augmente avec l'âge.
Il atteint 3 à 4 % de la population, soit environ deux à trois millions
de personnes en France.
Dans un cas sur dix, un traitement par des injections d'insuline est nécessaire.
Le sucre présent dans le sang a du mal à être utilisé car il
a des difficultés à entrer dans les cellules du corps, par suite d'un manque
en insuline ou d'une difficulté d'action de l'insuline.
Ceci est gênant car le sucre est la principale source d'énergie de l'organisme,
et parce que son élévation dans le sang entraîne une altération
des artères «un peu comme le calcaire dans les canalisations d'eau».
Rôle de l'insuline
Quand des personnes qui ne sont pas diabétiques avalent du sucre, ou des aliments
qui sont transformés en sucre par la digestion, comme le pain, les pommes de
terre, les pâtes, le riz... le pancréas, qui est un organe situé dans
l'abdomen en arrière de l'estomac, fabrique immédiatement de l'insuline
pour permettre l'utilisation de ce sucre et éviter qu'il ne reste trop longtemps
dans le sang. En dehors des repas, et pendant la nuit, le pancréas continue
de fabriquer de l'insuline, mais de façon beaucoup moins importante.
Pendant la digestion, le sucre est mis en réserve
au niveau du foie et des muscles.
Cette réserve est appelée glycogène. Il s'agit d'un assemblage de
sucre. Cette mise en réserve est favorisée par l'élévation de
l'insuline.
L'augmentation de l'insuline permet la mise en réserve du sucre dans le foie et les muscles à la suite d'un repas |
En dehors des repas, le sucre nécessaire au fonctionnement des cellules
de l'organisme est fourni par le glycogène du foie dont la quantité diminue.
Cette libération de sucre à partir du glycogène est favorisée
par la baisse de l'insuline.
La diminution de l'insuline permet la libération du sucre dans l'intervalle des repas |
Au repas suivant, la réserve en glycogène est reconstituée.
L'insuline permet donc la mise en réserve du sucre
dans le foie et les muscles à la suite d'un repas. Mais elle a aussi un rôle
au niveau de toutes les cellules du corps : sa présence est nécessaire
pour que le sucre puisse entrer dans les cellules.
On peut schématiser le rôle de l'insuline de la façon suivante
:
• Si le pancréas fabrique de l'insuline en quantité normale, le sucre
peut entrer normalement dans les cellules et la glycémie est normale :
• Si le pancréas ne fabrique plus assez d'insuline, ou s'il existe une difficulté d'action de l'insuline, le sucre ne peut plus entrer normalement dans les cellules et s'élève de façon anormale dans le sang :
L'insuline agit au niveau de toutes les cellules |
En résumé, en cas de diabète :
• Après un repas, le sucre est difficilement mis en réserve dans le
foie et les muscles, ce qui entraîne une glycémie beaucoup plus élevée
après le repas qu'avant le repas.
• Entre les repas, le foie fabrique du sucre en quantité excessive, et
ce sucre peut difficilement être utilisé par les cellules de l'organisme.
Il existe deux sortes de diabète
Deux mécanismes conduisent à l'élévation du sucre dans le sang
: le pancréas ne fabrique plus assez d'insuline,
ou les cellules sont moins sensibles à l'insuline.
Autrement dit, en reprenant la comparaison «clés/serrures» : «il
y a un manque de clés pour ouvrir les portes des cellules pour le sucre»
ou «ce sont les serrures des portes des cellules qui fonctionnent mal».
• Si le pancréas ne fabrique plus du tout, ou presque plus, d'insuline,
il s'agit d'un diabète qui doit être traité par de l'insuline dès
son apparition, car dans ce cas les comprimés ne parviennent pas à obliger
le pancréas à fabriquer davantage d'insuline. Ce diabète est appelé
diabète de type 1 ou diabète
insulinodépendant car la vie du diabétique dépend d'injections d'insuline.
Comme malheureusement l'insuline est digérée lorsqu'on l'avale, il faut
utiliser des injections sous la peau de manière à éviter le passage
par l'estomac. Le nom de ce diabète est souvent abrégé «DT1»
ou «DID». Il a pendant longtemps été appelé «diabète
maigre» car le manque sévère en insuline conduit à un amaigrissement.
• S'il existe une difficulté d'action de l'insuline, il s'agit d'un diabète
qui peut être traité pendant un certain temps par des médicaments
qui rendent les cellules plus sensibles à l'action de l'insuline, ou qui obligent
le pancréas à fabriquer plus d'insuline. Ce diabète est appelé
diabète de type 2 ou diabète
non insulinodépendant car la vie du diabétique ne dépend pas d'injections
d'insuline. Le nom de ce diabète est souvent abrégé «DT2»
ou «DNID». Il a pendant longtemps été appelé «diabète
gras» car l'excès de poids le favorise, et parce qu'il s'accompagne souvent
d'un excès de poids.
Mais après une dizaine d'années d'évolution de diabète de type
2, un traitement par l'insuline peut devenir nécessaire pour parvenir à
maîtriser les glycémies (diabète insulinorequérant, diabète
insulinonécessitant). En effet, l'insuline n'est qu'un outil qui doit
être utilisé lorsque les comprimés ne parviennent plus à normaliser
les glycémies, et bien que la survie du diabétique de type 2 ne dépende
pas des injections d'insuline, l'insuline devient indispensable pour éviter
les complications du diabète.
Conséquences de la difficulté
d'action de l'insuline ou du manque en insuline
A court terme
Lorsque le taux de sucre dans le sang s'élève à plus de 1,80 g/l,
cela entraîne un passage de sucre dans les urines car les reins sont des filtres
qui n'arrivent à retenir le sucre que s'il ne dépasse pas 1,80 g/l dans
le sang. Ce passage de sucre dans les urines entraîne une perte obligatoire
d'eau, ce qui fait que les urines deviennent plus abondantes.
D'autre part, le corps qui n'arrive pas à utiliser correctement le sucre, va
se mettre à utiliser ses graisses de réserve, avec pour conséquence
un amaigrissement et la production d'acétone et de déchets acides qui vont
perturber le fonctionnement des cellules avec risque de coma.
Autrement dit, si l'insuline n'est pas en quantité suffisante, il peut se produire
la succession des événements suivants :
• augmentation de la glycémie,
• passage de sucre dans les urines => augmentation du volume des urines =>
déshydratation => soif => augmentation des boissons absorbées,
• déficit énergétique => utilisation des graisses de réserve
=> amaigrissement et fatigue,
• production de déchets acides => nausées, vomissements => coma.
Remarque : le mécanisme de l'augmentation du volume des urines est : passage
de sucre dans les urines => augmentation du volume des urines => déshydratation
=> soif, et non : soif => augmentation des boissons absorbées => augmentation
du volume des urines => élimination plus importante de sucre.
A long terme
L'hyperglycémie entraîne une altération des artères un peu comme
l'excès de calcaire entraîne un encrassement des conduites d'eau.
Les grosses et surtout les petites artères peuvent être atteintes, avec
pour conséquence un risque d'atteinte des jambes (artérite), des reins
(néphropathie), des yeux (rétinopathie) et des nerfs (neuropathie).
Cette atteinte des artères est plus fréquente si on fume. Il faut donc
cesser de fumer, pour ne pas avoir deux causes pouvant abîmer les artères.
Il faut également savoir que l'atteinte des artères est d'autant plus fréquente
que les glycémies sont élevées, et que, lorsque les complications
se sont installées, il n'y a guère de traitement pour les faire disparaître
(les traitements dont on dispose ne permettent le plus souvent que de stabiliser
certaines d'entre elles).
Il est donc absolument nécessaire de tout faire pour éviter l'apparition
de ces complications.
C'est une grossière erreur que de croire que l'on peut se soigner «seulement
un peu» lorsque l'on n'a pas encore de complications, et qu'il sera toujours
temps de mieux se soigner lorsque les complications auront débuté.
But du traitement
Le but du traitement est de ramener les glycémies à la normale :
• pour se sentir en forme et obtenir ou garder un poids normal,
• pour éviter les malaises et les comas,
• pour éviter que les artères et les nerfs s'abîment.
Le traitement doit associer :
• une alimentation équilibrée,
• une activité physique régulière,
• la suppression du tabac,
• des comprimés ou des injections d'insuline.
Une surveillance régulière est nécessaire :
• des glycémies,
• de la tension artérielle, des artères et du coeur,
• du fonctionnement des reins (analyses de sang et d'urine),
• des pieds (au moins une fois par an par votre médecin),
• des yeux (consultation chez un ophtalmologiste même s'il n'y a pas de
baisse de la vue).
Facteurs influençant la glycémie
La glycémie varie en fonction de différents facteurs :
• l'alimentation,
• l'activité physique,
• le niveau de l'insuline (nombre et type de comprimés, ou doses d'insuline).
Elle peut également être influencée par des circonstances inhabituelles
:
• une maladie (angine, grippe, bronchite, abcès dentaire...),
• un choc émotif, des problèmes psychologiques ou des contrariétés,
• un traumatisme, un accident...